Angle mort
J'étais un personnage de littérature médicale, mascotte d'un couloir d'hôpital, poupée vaudou criblée d'étoiles. C'est une fiction à sang pour sang. Je chassais aiguilles dans couloirs interminables dont je ne voyais que le plafond. La lumière des néons m'éblouissait, insectes s'insinuaient sous ma peau. Le pourpre et les rats étaient du voyage. Morphine à tous les étages. La danse macabre était bien menée. Et ces voyageurs dans ma tête. Salle d'attente Marcel Proust, ça revenait souvenirs. Cette salve de mauvaise vie. Je voulais cracher ce qu'il me restait de morgue. La potence des perfusions me tressait une couronne. Les nuits du dehors ne m'appartenaient plus. Je n'avais rendez-vous avec personne. La fièvre déformait mes sensations. Les blouses conspiraient à voix basse. Mon voisin de chambre était mort pendant la nuit. Il ne restait plus que son dentier, posé sur sa table de chevet, comme un dernier sourire au néant.
S.V.
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