Il était au théâtre ce que Buster Keaton était au cinéma muet. Bien plus qu'un acteur. Un poète. Un homme orchestre. Le comédien, humoriste, danseur, et chanteur Farid Chopel, 55 ans, est mort d'un cancer foudroyant, dimanche 20 avril, à l'hôpital Cochin, à Paris. Fils d'immigrés algériens, sa carrière débute avec une troupe de théâtre expérimental et gestuel Laila (1973). Grande figure de la vie nocturne des années 80, il se fait vraiment connaitre avec Chopelia (1977), un one-man show dynamite, puis explose avec Les Aviateurs (1981), co-écrit et joué avec Ged Marlon , hommage parodique au cinéma d'Hollywood des années 50. Au cinéma, Farid Chopel incarne surtout des seconds rôles, sous la direction de Tony Gatlif (Les Princes, 1983), de Denis Amar (L'Addition, 1983), de Bertrand Blier (La Femme de mon pote, 1983), de Josiane Balasko (Sac de noeuds, 1985), d'Agnès Varda (Jane B. par Agnès B., 1987), de Marco Ferreri (Le Banquet, 1989, et La Chair, 1991), etc. Il joue dans des publicités (Perrier) réalisées par Jean-Baptiste Mondino, où il se grime. Enregistre des singles (Ô animaux, de Stéphane Clavier, ou Bamboléo des Gypsy Kings), qui deviennent de véritables tubes. Et puis, il y a la fêtes. Les nuits, jusqu'à l'aube. Le Palace, dont il est l'une des étoiles. Sexe, drogue, and Rock'n'roll. L'alcool aussi. L'homme titube. Il disparait des sunlights. Traversée du désert. Au début des années 2000, Farid Chopel cesse de boire. Il travaille à un nouveau one-man show (Le pont du milieu), avec l'aide de sa compagne, Brigitte Morel. Le rode dans une école de théâtre de la rue Saint-Maur, à Paris, devant un public de plus en plus nombreux. Spectacle autobiographique, poétique, déjanté, drôle. Son enfance de titi parisien du 18eme, et les vacances dans l'Est de la France. L'apprentissage du latin, et les performances scolaires dans un lycée catho de Saint-Germain en Laye. Et ce voyage détonateur en Angleterre. Le rock, et les premiers pétards. L'arrêt progressif des études. Le désir de théâtre. La vie à cent à l'heure. Le théâtre, encore le théâtre. Il y cite notamment Louis Jouvet : "Il faut mettre de l'art dans la vie, et de la vie dans l'art". Farid Chopel a mis de l'art dans sa vie, et de la vie dans son art. Il en est mort, aussi.
Stéphane Vallet
Sans commentaire.
Je partage votre peine.
Rédigé par : Laurent Morancé | 23/04/2008 à 18:55