-...Em, il faudrait, si tu as le temps, il faudrait que tu sortes, que tu ailles au magasin dont je te parlais hier ou avant, je ne sais plus, il faudrait que tu y ailles et que tu demandes au type, lui se souviendra, il faudrait que tu demandes au type qu'il te vende ce dont nous avons besoin pour éclairer la lumière.
Assis dans l'arrière-salle, je fais face au fou qui vogue sur le flot des figures qu'il s'imagine. L'homme verse des mots dans le creux d'un récipient qui serait un autre. En vrai l'un de ses être fait mine d'écouter. Je l'entends. Ses doigts se dénouent puis se nouent, sa jambe droite joue une musique un peu brusque, il regarde sans parler. Ses yeux s'élancent, roue libre et il dit fort :
- Le soleil est mon bûcher. Em mes allumettes, mon ami, mon cerveau se consume là, sais-tu, derrière les nuées que tu ne vois peut-être pas, ça aveugle je te le dis, ça aveugle, je te dis aussi que tout brûle, Em, que tout sèche. Et que ce sont toujours des allures, des silhouettes et des ombres qui gagnent les bagarres de poussière. A l'arrière, derrière les lignes et dans le pays, le contre-jour jouit et je n'y vois rien ... Ah je te le dis, Em ma certitude, je voudrais connaître l'ombre d'une ombre qui ne me soit qu'une amie.
Mathieu Diebler
Dessins Mathilde Tixier
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