Des hélicoptères dans ma tête comme des requins d'acier. Mon ventilateur me procure de mauvais hoquets. Je suis enfermé dans la fièvre depuis des semaines, prisonnier du goutte-à-goutte. Et je me retrouve dans un restaurant cubain à boire du rhum au gingembre. Je redécouvre le goût des îles. Je ne suis pas dans mon assiette. Coeur chaviré comme la sonnerie accidentée d'un téléphone. Les danseuses ne me regardent pas. Lolita pense que je lui fais du pied sous la table. Une allumeuse aux yeux de biche. Elle boit son Mojito en recrachant les glaçons. Recrache les garçons qui en redemandent. Ils lui filent tous leur numéro. Elle fait le sien. Elle va nous rejoindre sur le trottoir. Sa longue chevelure rassemblée en arrière. Je traverse la rue. Ce n'est pas une ruse. Je retourne au pavillon, perdu dans des couloirs interminables. La peinture des plafonds s'écaille. Je ne croise que des souvenirs. De mauvaises ombres. Les types en blouse poussent mon brancard. La morphine déforme mes sensations. Je ne veux pas fermer les yeux. Mon voisin de chambre a arraché sa perfusion. Il chie sous lui. Et il recommence à chaque fois qu'on le nettoie. Mort pendant la nuit. Il ne reste que son dentier posé en évidence sur la table de chevet. Et je repense à la fille au Mojito...
Stéphane Vallet
Photo-montage Guillaume Fréchon
merci de me faire parvenir de la documentation sur vos plats et soirée à thème
Rédigé par : darde | 10/05/2006 à 11:53