L’ère de jeu
Les nuages se rapprochent, et forment une couronne au-dessus de ta tête ; sensations amoindries, gestes lents, comme si tu avais renoncé à combattre. En réalité, la guerre ne fait que commencer. Chaque coup qui te sera porté, tu le rendras. Chaque chien pour soi. Tu restes en position du lotus, suspendu à je ne sais quelles rêveries, dans un Kâma-Sûtra intérieur-nuit, pas si zen que cela. Tu te remémores des combats d’ombres chinoises, et des dérobades en catimini. Les complots se façonnent - nuit après nuit, dans des arrières salles avec dagues. L’histoire ne fait que se répéter, mais elle se pervertit, au fil du temps. Le vent secoue ta tête, comme un cocotier. Des sons décousus te parviennent, comme les échos imparfaits de ta géographie intime. Tu erres dans un labyrinthe neuronal, enchevêtré dans d’épiques contradictions, et suspendu à ta life, comme à un putain de fil d’Ariane. Le compte à rebours a commencé, et le clic-clac incessant de ta valve, donne poids à tes élucubrations. Des frissons parcourent ta peau. Tu ne parviens pas à revenir sur le rivage.
Sur l’écran de l’ordinateur, la fenêtre jaune de ton antivirus indique : « Vous êtes vulnérable ».
C’est cool, de prévenir.
*
Tu dois impérativement rester sur le terrain du jeu, afin de te maintenir à distance d’envahissantes vibrations. L’intoxication guerrière gagne les esprits chagrins ; surtout, ne pas y succomber. Il faudra simplement t’armer de patience, - respirer, souffler, respirer.
*
Tout recommence à tournoyer, autour de toi, comme sur un manège. Les flammes dansent, et de petites lucioles scintillent, comme des feux follets. Tu es trop stone pour réagir. Tes paupières clignotent ; et ça te fais soudain vraiment marrer, tu te croirais dans un film. Tu déroules la pellicule, qui s’étire à l’infini, en cherchant à y décrypter des images, ou quelques signes avant-coureurs. La nuit ne fait que commencer. Tu te concentres intensément sur l’instant, mais il s’échappe, comme une étoffe balayée par le vent. Tu entends le cœur du bébé battre, et c’est comme si ton propre cœur renaissait, avec le clic-clac de la valve. Ce cœur de baby, c’est le tien.
*
Tu as misé sur les mauvais cheveux ; crinière ondulante, qui se déploie au creux de ses reins, lorsqu’elle se déhanche, à la lumière de quelques lanternes. Des relents d’encens se dispersent au gré des bourrasques. Tu voudrais sortir du cadre, effacer tes pas sur le sable.
Tu ne reviendras pas en avant.
Stéphane Vallet
Les commentaires récents