La posture du tigre
Ta peau de tigre se reflète- en contre-jour - dans le bleu acidulé des vitrines. La ville est un territoire dangereux, pour qui avance sans boussole. Il ne suffit pas d’enfiler une capuche sur sa tête pour devenir invincible. La jungle n’est plus une métaphore ; tes pas te mènent sur les sentiers de la guerre. Tes parures animales flottent au vent, juste avant la bataille. Tu patauges dans le sang et les tripes. Il ne manquerait plus que des fanfares, comme dans les chasses à courre ; ces libidineuses croisades te poussent à errer sans fin dans tes labyrinthes neuronaux. Chaque mouvement de ton corps s’articule autour d’une quête éperdue. Tu te rapproches d’un territoire dangereux. Tu hésites à franchir ce ruban invisible, qui te sépare de la jungle. Si je le franchis, tu te dis, je resterai toujours de l’autre côté.
Le compte-à-rebours a commencé. Tic-tac. Les traces de sang te mènent au bord du vide. Des visions hallucinées t’accompagnent. Le poison se distille à l’intérieur de ton âme morcelée. Tu es un chasseur neurasthénique. Tes ruminations sont sans limites. Cette course interminable recèle d’innombrables pièges. Le mental n’est pas au beau fixe, et oscille comme un métronome. Il n’est plus l’heure des introspections. Cette vie dissolue te pousse à des gymnastiques sans cesse improvisées. Il ne suffit pas de sortir de la cage pour se sentir en liberté. Tes connexions neuronales grillent les unes après les autres. Tu repousses in extremis le top départ de ton passage à l’acte. La mécanique semble enrayée. Tu cherches à prolonger ce sentiment de désastre imminent. L’ivresse est toute relative. La posture du tigre n’est pas facile à entretenir. Les battements saccadés de ton cœur accentuent ton malaise. Tu ne parviens même plus à rugir. Tes pensées se dispersent, comme de la poussière. Tu ne pourras plus revenir en arrière.
S.V.
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