Vocabulaire cannibale
Et reviennent les jeux de postures ; à chacun de montrer son postérieur, en s’astiquant devant la glace, comme pour un concours de grimaces. Tu décryptes entre les lignes un vocabulaire cannibale. Des revendications de massacre surgissent sur l’échiquier ; il te faut détaler rapidement, pour éviter que les ombres, et les zombies, ne te rattrapent. Tu replonges dans les dédales de ton âme incendiaire, et remises au vestiaire tes yeux de cocker, avant de te jeter dans l’arène. La reconstitution s’approche, comme dans une procédure criminelle. L’aube est pâle et jaune, comme les traits de ton visage, que des gyrophares éclairent, par intermittences. Tu te caches, sous ton chapeau, engoncé dans un imperméable semblable à un épouvantail à moineaux. Les corps à terre sont recouverts de de couvertures, jetées à la hâte. L’aube et pâle et jaune. Des cavaliers numérotés sont disposés à l’intérieur de la scène délimitée par des rubans, au fur et à mesure de l’évacuation des cadavres. Le jour se lève, chargée de nuages, que le soleil effleure. Tu as relevé une empreinte sur un ciseau abandonné. Tu n’as pas dormi depuis longtemps. Tu n’as pas dormi de la nuit. Et tu sifflotes une marche funèbre, pour te donner du courage. L’ambulance du tigre se rapproche.
Stéphane Vallet
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