Souvenirs irradiés
Le somnambulisme est un signe d’époque. Pour s’évader, il ne suffit pas de tendre un foulard autour de son cou. Le caractère épileptique des mutations engendre des dysfonctionnements accélérés, qui sèment le trouble au plus profond de la ville. Les cœurs fragiles se nouent, à chaque exécution sacrificielle. Les circonvolutions exagérées des criminologues ne peuvent masquer la sensation d’effroi qui plane au-dessus des ruines. Quelque chose a changé dans l’ombre des statues. De menaçants nuages dérivent au crépuscule. Tu mesures hébété le passage du temps. La complexité des procédures brouille tes obscurs objets de personne. Tes tentatives d’agitprop se révèlent illusoires. Ta mélancolie primitive revient te visiter. Tes souvenirs irradiés se dispersent, au vent mauvais. Les passagers reptiliens semblent les mieux armés pour résister aux déflagrations, même si ce n’est qu’une trompeuse apparence, et qu’ils finiront, eux aussi, broyés par l’inévitable onde de choc. Ce n’est plus son quart d’heure de gloire, qu’il convient de rechercher, mais quelques secondes seulement d’une éjaculation contrariée. Le compte à rebours est enclenché. Les gesticulations de dernière minute ne changeront rien à l’inexorable chambardement. Dans le sauve qui peut général, on ne s’embarrasse pas de bons sentiments. Les changements de paradigme découlent d’un saucissonnage des pensées. Tu es un somnambule, comme tous les autres. Ton logiciel de compréhension et de décryptage du monde est en dérangement. Et les cris que tu pousses, personne ne les écoute.
Stéphane Vallet
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