Hématomes crochus
Tu clignes enfin des paupières, comme un miroir déformé du monde qui se reflète de tes pensées. L’aube garde le goût amer de ton passage à l’acre. Tu n’es qu’un personnage de littérature médicale, perdu en territoire hostile. Tu cherches à remonter de tes bas-fonds, comme un plongeur en apnée. La vue du cadavre te déclenche des hauts le cœur, comme si tu contemplais ta propre putréfaction. L’odeur te pousse à t’éloigner, un instant, puis tu tournes en rond, autour de la dépouille. Il a bien morflé, ce con ! Il en a bavé, le gros lard. Gémissement des sirènes. Tu remarques traces d’hématomes sur le corps. Et ceux qui restent, que deviennent-ils ? Tu hésites encore sur le diagnostic : suicide, ou meurtre de sang froid ? C’est d’un crime intime qu’il s’agit. Tes ruminations reviennent par vagues. Tu cherches un regard, autour de toi. Tu constates qu’il n’y a plus personne. Tu es seul, sur la route. Sous un soleil de fin d'automne, qui lentement se fane.
S.V.
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