Pulsions transitoires
Il n'est pas toujours aisé de peupler son imaginaire. Le mode dubitatif est un vaste pays, qu'il convient d'arpenter muni d'un silencieux. Tu répugnes à marchander avec les oiseaux du malheur, qui encombrent ton circuit neuronal, et te poussent à frayer en eaux troubles. Le pathos perturbe le fil de la pensée. Chaque recoin de ton âme comporte des zones grises, un pays aux contours floues, comme perdu dans la brume. Tu dois en déchiffrer les empreintes, pour ne pas sombrer, au gré du courant qui t'emporte. Quelques fleurs carnivores perturbent le flux de tes ordinateurs. Tu cherches à reconnecter le fil du tissus narratif, en évitant les cercles concentriques. Des chiens aboient, en fond sonore, comme la répétition d'un souvenir d'errance. Des pulsions contradictoires secouent les courbes de ton cerveau. La notion du temps ne perturbe pas les voyageurs immobiles. Tu remues la queue devant un chant de lune. Le souffle des étoiles traverse ton paysage, au delà des rumeurs de guerre du feu. Tu frottes des silex dans tes poches trouées. Ils peuvent toujours venir, les morts-vivants. Tu es un zombie, comme tous les autres, avide de la chair de tes semblables. Une petite frappe carnassière, aux dents cariées. Chacun de tes baisers pue la mort. Tu cherches à te hisser sur un radeau de fortune, pour échapper à la déferlante. Les hordes se rapprochent. Le tonnerre gronde dans un espace saturé d'électricité. Il devient difficile de trouver l'air respirable. L’afflux d'hémoglobine peut provoquer des malaises. Pas question de valider les programmes de destructions programmées. Tu recycles tes cicatrices, en feignant la mise à distance. Les argumentaires sont distillés, comme de l'alcool de contrebande. Chacun veut tirer son coup. C'est un jeu de poker menteur, dans une ambivalence de signes, camouflés en romance. Certains sont condamnés à l'errance. Tu revisites des histoires sans issue, avec une absence totale d'émotion, pour détricoter les pulsions transitoires. Le voyage est irrémédiable. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Les peaux enfin se frôlent, comme un avant-goût de la mort, jusqu'aux crimes dans la nuit. Tu essaies de graver la scène sur ton disque dur, pour ne rien perdre des dépravations. La jouissance reste un terrain glissant, une guerre de tous les instincts, dont l'on aime garder des traces, pour mieux en dissimuler les plaies. Tu ne renonces pas à l’hyper-guerre, ni aux secousses intérimaires. Ton carnet de route est tarifé. Inutile d’encenser les apprentis pyromanes, censés marquer leurs territoires, avec de l'urine et des crachats, juste avant le grand incendie. Les corps à corps donnent lieu à des ébauches de graffitis obscènes, avec ce qu'il faut d'outrance et de mauvais goût. Les enchères n'en sont que plus disputées. Il ne manque pas de spectateurs, pour assister aux fins de banquets. Avant que chacun ne se dévore.
Stéphane Vallet
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