Les cris n'effraient plus personne
Tu renoues avec la stratégie du roseau, tant la conjoncture est à la crise. Surtout, ne pas plier. Tu aiguises cependant quelques lames, dans l'attente de la déflagration. Les esquisses ne sont que les répétitions de combats à venir. Le stress engendre des strangulations inédites. L'atmosphère est à la veillée d'armes. Tu t'entraîne au maniement du sabre. Pas encore temps de se faire hara-kiri. La bataille fait rage dans l'effondrement des pensées. L'ennemi n'est plus une équation différée. Tu bascules direct dans l'enfer intérieur. La panique est une force chronophage. En dehors des cercles concentriques, les réflexes de survie sont affectés. L'ennemi invisible sature l'espace. Il pourrait surgir, à chaque instant. Les ombres se referment dans ton esprit, avec sensation imminente du chaos. Tu résistes à l'enfer intérieur, comme un condamné à l'errance. Et chacun de tes pas glisse sur des flaques de sang. L'air que tu respires est saturé de plomb. Des particules se nichent dans le fracas des bombes. Les cris n'effraient plus personne. Tu navigues en âme intermédiaire, avec des warnings fixés sur ton cul. De petites salopes viennent troubler le rite sacrificiel. Le monde est une partouze verbal. Tu cherches un crayon de papier. Tes yeux scintillent, bordés de larves. Il faudrait t'excuser, égrainer des chapelets, ou invoquer tu ne sais quel prophète. Il faudrait te soumettre, à de petites frappes décérébrées. Tu n'as pas craché tes dernières rafales. Tes mains ne tremblent plus. La flamme d'une bougie ravive ton clair-obscur.
Stéphane Vallet
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