Sur le ring
L’aube dessine sur les
peaux des visages fanés. La pâleur du ciel accompagne l’errance. On hèle en
titubant des taxis qui s’enfuient. Des ombres se faufilent dans les rues
désertées. La mélancolie rattrape au collet des panthères hébétées. Chaque
instant se disloque dans les yeux des sirènes. Une musique insistante résonne
dans les cranes, en souvenir de danses macabres et de cris distordus. Les
doigts glissent sur les vitres teintées, qu’il faut briser pour appeler des
secours ; assurément, personne ne vous viendra en aide, malgré les sourires en
culs de poules pour la photographie, et les déclarations de bonnes intentions. Difficile
de croire en la lumière, au bord du précipice. Les lucioles ont du vague à
l’âme, dans l’interface des sentiments. Il faut assumer sa part d’ombres, comme
les candidats au suicide. Sur le ring, les peaux se frôlent, dans un déluge de
sueur et de sang. Des billets se vendent sous le manteau, pour assister à la débâcle.
Les caméras surveillent ces ébats de bazar. Le pathos n’a pas bonne presse. Chacun
exhibe son gros calibre, en prévision des expéditions punitives. On ne gagne
pas toujours à la loterie.
S.V.
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