Salve perdue
Un matin de basses besognes, comme tous les autres. Personne ne salue personne, c’est mieux comme ça. La castagne viendra plus tard. En attendant, on rumine sa colère ; juste une mandale, de temps en temps, pour entretenir la forme, comme dans un club d’aérobic. Les procédures varient selon les humeurs de chacun. La haine se cultive, bien au chaud. Il est parfois urgent d’attendre. Le feu couve ; des braises incandescentes, balayées par le vent. Le feu couve dans nos ventres. On s’échauffe, comme on peut, aux carrefours des ambitions. Il ne suffit pas de faire la queue, devant les guichets vides, toujours en panne de sens. C’est un parcours santé, au gré des embuscades. Les morsures ont aussi un gout de vague à l’âme. Chaque étoffe de rêves se déchire sous la pluie. La brume, au rendez-vous d’une salve perdue, enveloppe son manteau de figures imposées. Les silhouettes que l’on guette disparaissent souvent. Il ne reste que des talons-aiguille pour se crever les yeux.
S.V.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.