Casiers fantômes
Les couleurs se rapprochent, éclaboussées de rouge. Dans l’aube scarifiée la brume se saborde. Des décors de carton s’écroulent, comme des châteaux de cartes. L’idée est éphémère, elle se grime d’ivresses. Des étoiles toujours déchirent le silence. J’archive mes secousses dans des casiers fantômes. Des charniers à spirale ressurgissent sans cesse. Ma mélancolie vient d’une ile perdue. La sensation du crime est toujours imminente. Ce sont des pulsions écartelées ; des désirs en désordre. L’ombre du rat revient hanter les âmes à la dérive. Nous vivons dans un basculement invertébré, une mise à sac de l’espace intime. Un saut sans parachute, une pirouette de fin de règne. Des oiseaux majestueux déclinent au crépuscule. Dans le cirque fantoche, chacun affute ses dagues. Je perds dans mon brouillard mes habits de tempête. L’électricité de l’air comme un arc de cercle, égratigne le courant de la marée montante. La nuit, je garde les yeux ouverts, toujours entre deux vagues. Les assassins fument des pipes obliques. Je participe aussi au concours de fumigènes. La pluie rebondit sur les vitres fermées. Des mégots écrasés dans le cendrier. Je cherche à retourner sur le lieu du crime ; ce crime à l’intérieur de moi.
Stéphane Vallet
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