Bob l'inquiet par Laurence Sarah Dubas
Au cœur des papiers lacérés, il y a la vie, dont Bob L’Inquiet, alias Stéphane Vallet, s'efforce de nous rendre compte. Et cette vie tourbillonnante, émerge en fragments, effacée sous de multiples couches, comme si rien ne pouvait être dégagé dans sa totalité, parce trop écrasante que cette vie. Ce sont des apparitions, disparitions, un palimpseste qui fait jour lorsque Bob L’Inquiet nous tire par la main et nous invite à regarder cette réalité, de biais, d’en dessous, d'une autre perspective. Le héros Inquiet ne se place jamais loin de la beauté féminine, il s'y niche même le plus souvent au cœur, s’y fait oublier pour mieux l’observer et s’en nourrir, comme la dernière chose tangible et rassurante. Sous sa bonhommie élégante, Il nous invite à reconsidérer le monde sous un autre angle, à réajuster notre regard ; sous les jupes des filles, ou de leur balconnet, la vie est moins oppressante, plus douce. Un parfum de cinéma Italien, léger et virevoltant mais ce n’est que la première impression, car sur les corps des femmes, se cache le roman noir de la vie, sur leurs lèvres sanglantes, s’inscrit la douleur de la chair, qui jamais ne peut laisser notre héros en paix. Le monde de L’Inquiet est un monde en questionnements circulaires. Il y a les femmes et la couleur rouge, le sang qui gicle en éjaculation permanente sur le monde. La peau blanche à l’excès, la lèvre rouge, la chevelure le plus souvent brune, belle et parfois cruelle, la femme des collages est une femme sure d’elle, jouant de tous les atouts de la vamp du film noir traditionnel, tout en se permettant des digressions dans le monde non moins cruel de la lolita, un pied dans le cinéma Japonais, parfois un peu manga.
Univers circulaire aussi par ces hommes aux chapeaux ronds, et ces rondeurs noires sont autant de culs et de seins portés en protection sur la tête, proues au vent, sœurs et amantes de combat en réflexion dans le ciel de Bob L’Inquiet. Embullé dans un corps aux contours arrondis, comme une autre protection nécessaire contre la brutalité de l’existence, le physique du héros n’appartient pas à la réalité, c’est un corps en suspension dans le temps, ange perdu sur terre, un corps non défini, aux rondeurs qui le ferait s'envoler au dessus des villes comme une mappemonde ; un corps qui appartiendrait au rêve, personnage qui vient se balader dans un univers féminin, qui lui, est bien réel.
De là, naît un monde des sous-terrains où des cieux, c’est selon, silencieux, ou turbulent dont ni l’amour ni la violence ne sont absents mais se jouent de tous les codes. L’homme Inquiet est un point d’interrogation dans un monde en déliquescence, où la présence féminine semble être la dernière bouée à laquelle se raccrocher.
Bob l'Inquiet est un amoureux des femmes, cousin du héros de Truffaut "L'homme qui aimait les femmes". Sa petite taille lui permet de s'infiltrer partout, de les accompagner, où de les précéder en ami bienveillant. Le chapeau est le dernier symbole qui le rattache aux hommes, et, c'est dans son chapeau noir que logent ses histoires et ses secrets. Bob l'Inquiet revisite le monde pour de prochaines vendanges, le vin des poètes.
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