JOURNAL D'UN INQUIET

FRAGMENT

UN ARBRE A L'ENVERS

J 'ai perdu ton regard au pied d'un vieux baobab, le vent avait effacé tes traces, le soleil m'éblouissait, des branches gigantesques tournoyaient au dessus de ma tête, un arbre à l'envers, tu ne disais plus rien, je crayonnais ton nom sur le sable, je transpirais sous ma chemise de lin, je me cachais derrière mes lunettes noires, j'avais allumé une fine cigarette dont j'aspirais chaque bouffée comme si ma vie en dépendait, jusqu'à m'en brûler les doigts, la bière était tiède, je m'éventais avec mon chapeau, je te cherchais partout, je croyais que tu avais disparu, le sol se lézardait sous mes tongs, une dernière danse, tout contre, remonter mes doigts, pointe de tes seins, trop de soleil, tourner la tête.

S.V.

BOBJECTIF 2007

PUTAIN DE CAMPAGNE!

Nicolas baisse, Ségolène remonte. On en est là. A décrypter les résultats des sondages. C'est la campagne, et il pleut. François se rêve en troisième homme. Ils nous fait le coup du type au dessus des partis, prétend vouloir gouverner avec la gauche, alors qu'il a toujours fait le contraire. L'extrême centriste, qui parle à l'oreille  des cheveaux et des français, n'a rien d'un homme neuf. Il a voté toutes les lois sécuritaires de Nicolas, par exemple. Ségolène remonte. Et tous les éléphants se rangent à ses côtés. Même Lionel. C'est la campagne. Il pleut des images pixélisées. Une déferlante numérique. Nicolas est toujours ministre de l'intérieur, et candidat, comme si l'on pouvait concilier les deux casquettes. Jacques ne s'est pas encore déclaré. Jean-Marie fait semblant de ne pas avoir ses signatures. C'est la campagne. Brice, porte flingue de Nicolas, trouve Ségolène "anxiogène". C'est l'hôpital qui se fout de la charité!

S.V.

FRAGMENTS

LE VENT DU DESERT

Cheveux rouges, nuit noire, pas d'étoile, juste le vent du désert, te retrouver au bout du monde, suivre tes pas dans le sable, je guette un sourire, quelques mots perdus, robe kaki, lunettes de soleil, tu frappes sur les touches défoncées du clavier en croquant dans une pomme, bouche, lèvres, langue, tes tongs au bord de la piscine, café brûlant sur la terrasse, petite fièvre, comme un rythme de l'intérieur, danse intime, ton nombril me manque, tes pieds de danseuse, petite fièvre, la chaleur sans doute, comme des tamtams, sur le tatami, mordiller dans une grosse fraise, la couleur des tissus, petite fièvre, boire ton vin, rouler une cigarette au papier transparent, mordiller dans une grosse fraise, juste une lumière, la flamme de la bougie vacille, comme si tout allait s'éteindre.

S.V.

Collage Stéphane Vallet

COLLAGE

Collage Stéphane Vallet

FRAGMENT

VISAGE AVEC CHAPEAU

La pluie claque sur les vitres, je dessine ton visage avec chapeau, quelques bribes de vent, mes rêves d'enfant abîmés en mer, je reviens sur les traces de crimes intimes, les mouettes dans la ville, lèvres ouvertes, redevenir vivant, courbes, en découdre, un instant, des baisers le long de tes jambes, te murmurer à l'oreille, cris dans l'obscurité, de l'autre côté de la rive, perdu sans doute, des nuits au bord du désert, tes tongs sur le sable, et le rire des enfants, je voudrais te dire quelque chose.

S.V.

PAN DIMANCHE

DU PAN SUR LES PLANCHES!

Des expos (Popay, Zonder, Christian Badger, Thierry Agnone et Mathilde Tixier),une soirée lecture avec violoncelle (Rodolphe Adèle, Mathieu Diebler, Mathilde Tixier, Caroline Senné et Automne) et des concerts (Austine et Little Ballroom), c'est  dimanche 18 février 2007. Un événement PAN! mis en scène par le collectif 45fortyfive, au 45, rue du Faubourg du Temple, Paris 10. (Expos à partir de 14h, lectures/concerts à 18h).

S.V.

FRAGMENT

LA MUSIQUE DU REGARD

C'est la musique de ton regard, cette sensation de vertige, la brume dans tes yeux, longue chevelure sous le chapeau, danse tamisée, c'est la musique de ton regard, quelques ombres sous les paupières, une caravane dans le lointain, au delà du désert, traces sur le sable, désordres des tissus, peut-être des murmures.

S.V.

L'INVITE

"UNITED SUICIDE"

Dessin Guillaume Fréchon

FRAGMENT

PAPILLONS EN EPINGLE

Des fragments de rêves déchirés, lèvres entrouvertes, écharpe et petit béret, tu danses comme une indienne, des papillons en épingle, la nuit avec toi, petites caresses, oubliés les orages, du vin rouge sur la langue, devant la bibliothèque, petit square, train électrique dans la vitrine de la mercerie, rubans rouges, murmures effacés, griffures dans le dos, fièvre envoutante, thé à la menthe, retrouver le goût de ta bouche, avant que tu ne disparaisses à nouveau.

S.V.