BOB LE TAXI
Le taxi roulait trop vite et la chaussée était glissante. Ca devait être une impression. La ville figée par le froid ressemblait à un décor en carton. Quelques phares nous aveuglaient. Le conducteur écoutait une radio qui diffusait des tubes idiots, et je me laissais étourdir par ces mélodies guimauves. J'essayais d'engager la conversation, mais le type avait déjà commencé à parler tout seul. Sa voix résonnait dans la carlingue. Il alluma une cigarette. Je sentais qu'il m'observait dans le rétro. "Vous pourriez m'arrêter ici, je dis. Ca sera très bien." Il accélera, reprenant son soliloque. Il parlait une langue qui n'existe pas. Le langage des dingues. "Arrêtez-vous! Nom de Dieu!", je hurlais. Je commençais à faire dans mon froc, et pas seulement au figuré. J'essayais d'ouvrir la portière, impossible, comme un enfant pris au piège. Je me précipitais sur le chauffeur, pour lui prendre le volant des mains. Il me renvoya un violent upercut. Je rebondis deux fois sur le siège arrière, avant de me jeter à nouveau sur lui. Cette fois-ci, la voiture fit un tête à queue. Elle traversa un terre-plein avant de s'exploser dans la vitrine d'un marchand de gauffres. Je reçu un choc au front, quelque chose comme ça. Après je me souviens de l'ambulance. Et de ce putain de pin pon dans ma tête qui ressemblait au chant des baleines.
S.V.
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