Soudain, tout s'accélère. La santé du sidéen se détoriore brusquement. Détresse respiratoire : "Michel*, faut pas t'étouffer! Redresse-toi par là! Garde la tête comme ça! Allez, résiste! Ne t'éffondre pas!" Il s'écroule sur son lit. Le médecin de garde le redresse, pendant que l'externe lui fait un électrocardiogramme. Dehors, la famille de Michel attend pour lui rendre visite. "C'est un toxico, m'explique t-on. Il est séropositif depuis 1986. Il fait une toxoplasmose cérébrale récidivante. Il ne pèse plus que 40 kilos. Il est très mal barré."
On lui enfonce une sonde dans la trachée pour tenter d'aspirer les crachats et les glaires qui l'empêchent de respirer. Ses radios du poumon ne sont pas bonnes. L'électrocardiogramme non plus. Le médecin va prévenir la famille qu'il n'est plus question d'attendre pour la visite.
En revenant, ils soupire : "Ils n'ont pas tellement l'air de se rendre compte de son état." Puis, se tournant vers les infirmières : "Je le trouve moyen. Il s'enfonce. Les efforts redoublent pour l'empêcher de glisser de l'autre côté du miroir : "Allez, Michel. Il faut se réveiller. Il faut respirer. Gonfle tes poumons. Il faut faire un effort."
Il est 20 heures. On lui pose un masque à oxygène. Ca ne suffit pas. "Bon. On va l'intuber", dit le docteur. "On le rendort un petit peu?", demande une infirmière. C'est une course contre la montre. Contre la mort. L'agitation est à son comble dans le service. Les infirmières et les aides soignants cavalent d'un bout à l'autre du couloir. Aucun des malades ne dort. Ceux qui ne sont pas dans un état critique sont inquiets. Heureusement, l'état de Michel se stabilise.
Stéphane Vallet
(A suivre)
*le prénom a été changé.
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