Pour le docteur Pascal Empereur-Bissonnet (PEB), la nuit commence à 17 heures. Avant d'entrer en scène dans le service de "réanimation médicale polyvalente" de l'hôpital intercommunal de Créteil* où il effectue régulièrement des gardes nocturnes, il enfile un pyjama ultra-fin, une blouse blanche, et recouvre ses chaussures d'une matière non tissée.
Après un lavage de mains réglementaire, il retrouve une partie de l'équipe rassemblée dans l'office. On lui tend un verre de champagne offert par la famille d'un malade. Juste un doigt. Dans un coin de la pièce, deux écrans de télévision distillent sans interruption des images des chambres et des malades. Courte pause. La transmission des informations, entre le médecin attaché au service et le réanimateur de garde, a déjà commencé. Escortée par une jeune externe en cinquième année de médecine, ils visitent chaque chambre et chaque patient. Ensemble, ils font un point complet. Du motif d'hospitalisation à l'attitude thérapeutique adoptée par le service. Ils détaillent les radiographies, les électrocardiogrammes, les résultats d'analyse. Le docteur PEB prend des notes sur un petit carnet. Seuls quatre lits sont occupés : trois vieillards, insufisants respiratoires chroniques, et un jeune malade du sida en phase terminale. L'attachée du service se tourne vers moi : "Vous avez mal choisi votre jour. C'est mort."
La relève se fait. L'équipe de nuit investit les lieux. Les infirmières se répartissent les malades. Il est 19 heures. Chacun connaît son rôle. Un ballet bien réglé. On entend des voix qui résonnent, de chaque côté du couloir. "Au niveau fesses, le malade de la chambre numéro 9, il est rouge!", jette une infirmière. La routine.
Stéphane Vallet
(A suivre)
*Reportage réalisé en mai 1993. Il a été publié une première fois, sous une autre forme, les 29-30 mai 1993, dans le quotidien Le Jour.
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