Chaque nuit, Jérôme Moulinier entendait les cris du monde.
Les hurlements le poursuivaient dans les recoins de son cerveau.
Il se repassait en boucle cette impression de peur primale.
Et il hurlait à son tour.
Personne pour l'entendre crier.
Il habitait un studio meublé.
Vue sur la nuit.
Sur les lumières et les ombres.
Le chaos de la ville.
Parfois, des éclats de voix le faisait sursauter. Il sentait leur présence.
Et les aboiements qui s'amplifiaient dans sa tête se substituaient aux rumeurs plaintives de la ville.
On organisait des combats de chiens dans les impasses.
Des luttes à mort où les pitbulls finissaient par s'entretuer comme le font les humains.
Et il ne restait que de la bouillie de chair, avec du sang coagulé, qu'il fallait nettoyer au karcher dés que l'aube pointait.
Jérôme Moulinier se tenait à sa fenêtre, à l'abri de stores vénitiens.
Il alluma un joint en forme de courgette.
Le papier se décollait.
Il tenta de rétablir la situation en humectant. Le mélange se répandit sur sa robe de chambre qui manqua de cramer.
Il récupéra ce qu'il put.
Le hash avait un goût poivré. Il en aspira de grosses bouffées, jouant à faire des ronds avec la fumée bleue.
Il traîna ses savates dans la cuisine, dénicha une canette dans le frigo. Jérôme Moulinier en aimait l'amertume glacée.
Il but lentement pour s'efforcer de savourer. Et revint devant sa fenêtre. Sa peur s'était estompée.
Stéphane Vallet
A suivre...
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