Jérôme Moulinier respira profondément. La valve mécanique tambourinait sous sa poitrine.
Clic, clic.
Rythme cardiaque sourd et régulier. Sûr au moins d'être en vie.
Clic, clic.
Comment peut-on être vivant ET mort à la fois ?
Un chien hurla, suivi par d'autes aboiements en rafales.
Et les encouragements des maîtres.
Clic, clic.
Jérôme Moulinier distinguait des lumières épinglées aux façades de l'immeuble, de l'autre côté de la rue.
Signaux dans la nuit.
Fantômes accrochés à leurs fenêtres.
Epouvantails inquiets.
Guetteurs insomniaques.
Le bal des solitaires.
Il regagna sa chambre, se réfugia sous les couvertures, lové comme un bébé.
Le téléphone le fit sursauter.
La sonnerie résonnait dans le studio, sans discontinuer, des bips stridents.
Jérôme Moulinier ne voulait pas répondre.
Il savait qu'il n'y aurait PERSONNE, à l'autre bout.
Et il ne voulait pas admettre qu'il avait peur.
Il reposa le combiné, en retenant sa respiration.
Le rythme de son coeur s'accéléra.
Il entendit des râles, à l'autre bout, quelqu'un qui agonise.
Et puis un hurlement.
Hurlements dans la nuit.
Les hurlements du monde.
Jérôme Moulinier raccrocha en pleurant, comme au bout du rouleau.
Dehors, la nuit s'éternisait.
Plus de lumière.
Vaisseau fantôme.
Il fouilla dans le tiroir de sa toile de chevet.
La crosse poussiereuse de son pistolet automatique tremblait entre ses doigts.
Il lui faudrait bien s'en servir. Comme le font tous les autres.
Il vérifia son bon fonctionnement.
Clic, clic.
Puis, il pensa à Cathy.
Le regard de Cathy. Et les cris qu'elle poussait quand ils faisaient l'amour.
Lèvres, cuisses, seins.
Son PETIT grain de beauté.
Cathy l'avait quitté pour Boby. Rengaine à la con.
Le téléphone sonna. Encore une fois.
Il ne décrocha pas, tira sur le fil en tire-bouchon.
Plus de connexion.
Stéphane Vallet
A suivre...
Spéciale dédicace à Richard K.
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